• J'ai mal. Une douleur qui vient de loin et que je ne peux pas nommer. C'est pire que de se rappeler.

    Je vois. J'entends. Je regarde mon corps sur le lit d'hôpital et, de temps en temps, je vois la ville, et les gens dans les rues. C'est très curieux. On dirait que je flotte au-dessus des choses et des êtres. Comme si mon corps ne m'appartenait plus.

    Et pourtant je suis là. Je suis Élia. Je le redis souvent mais mes mots sont prisonniers. Je voudrais qu'on puisse m'entendre. Je suis Élia. Je suis Élia. Je suis Élia. Je vous vois, je vous entends et je suis Élia.

    J'ai mal. Pourtant, j'éprouve une certaine douceur à voir le Monde. Mais le Monde se complique. Je le vois mieux qu'avant, mais lui ne m'entend pas et je ne le comprends pas. Ou plutôt, c'est comme si j'en ressentais le sens, mais sans pouvoir l'organiser, le structurer. Est-ce que c'est possible? D'où je suis, on dirait bien que l'impossible n'existe pas, de toute façon. Je ne connais plus rien. Je suis même très étonnée de pouvoir générer ces lettres et ces phrases, et je ressens un grand soulagement à le faire.

    Puis il y a la femme que j'ai vue. Une femme aux mains rouges. À la lueur du feu, elle peignait. Avec ses mains comme pinceaux. Elle ne pleurait pas mais je savais que son corps suintait de mauvais présages.

    Elle tournait le dos à l'enfant, étendu près du feu, immobile, et il ne fallait pas l'Oeil du Faucon pour s'apercevoir qu'il ne dormait pas et ne dormirait plus.






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  • Il me dit:

    «Après toi, je n'aimerai plus jamais aucune femme.»

    Et moi, je me dis qu'après lui, je ne survivrai pas.



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  • Je commence à entrevoir des choses mais je ne sais pas si elles m'appartiennent.

    Parfois, c'est flou. Je ressens vaguement quelque chose. Ce n'est pas précis. Comme ceci. Ou cela. Des petits riens qui se rejoignent.

    Un ventre rond, et qui enfle. L'incertitude de ce qui va advenir. Le doute et la peur. Les changements qui viennent et à venir. Le sentiment de précipiter sa vie dans l'inconnu, de provoquer volontairement le plus grand des bouleversements.


    Je suis fatiguée.


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  • ?

    Qui êtes-vous?


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  • Rares sont les cas attestés de souvenirs perdus puis retrouvés. Mais il n'existe aucune raison de douter de l'existence de souvenirs cachés attendant d'être récupérés. Mais rien ne prouve que le souvenir de certains événements puisse être enterré ou refoulé pendant des années, et retrouvé ensuite dans sa forme d'origine.



    Même les spécialistes envisagent de manière très diverse combien il est facile de transformer un souvenir en pure invention. Il paraît clair, cependant, que si l'oubli de mauvais traitements est possible, toute remémoration s'accompagne d'erreurs et de distorsions. La présence d'éléments invraisemblables dans de tels récits n'exclut pas la possibilité d'une vérité sous-jacente; inversement, l'existence de fragments vérifiables ne garantit pas la véracité du reste de l'histoire. Chaque cas doit être jugé séparément et scientifiquement.



    PROFESSEUR JOHN MORTON

    Directeur de l'unité de développement cognitif

    MRC, Londres


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