J'ai mal. Une douleur qui vient de loin et que je ne peux pas nommer. C'est pire que de se rappeler.
Je vois. J'entends. Je regarde mon corps sur le lit d'hôpital et, de temps en temps, je vois la ville, et les gens dans les rues. C'est très curieux. On dirait que je flotte au-dessus des choses et des êtres. Comme si mon corps ne m'appartenait plus.
Et pourtant je suis là. Je suis Élia. Je le redis souvent mais mes mots sont prisonniers. Je voudrais qu'on puisse m'entendre. Je suis Élia. Je suis Élia. Je suis Élia. Je vous vois, je vous entends et je suis Élia.
J'ai mal. Pourtant, j'éprouve une certaine douceur à voir le Monde. Mais le Monde se complique. Je le vois mieux qu'avant, mais lui ne m'entend pas et je ne le comprends pas. Ou plutôt, c'est comme si j'en ressentais le sens, mais sans pouvoir l'organiser, le structurer. Est-ce que c'est possible? D'où je suis, on dirait bien que l'impossible n'existe pas, de toute façon. Je ne connais plus rien. Je suis même très étonnée de pouvoir générer ces lettres et ces phrases, et je ressens un grand soulagement à le faire.
Puis il y a la femme que j'ai vue. Une femme aux mains rouges. À la lueur du feu, elle peignait. Avec ses mains comme pinceaux. Elle ne pleurait pas mais je savais que son corps suintait de
mauvais présages.
Elle tournait le dos à l'enfant, étendu près du feu, immobile, et il ne fallait pas
l'Oeil du Faucon pour s'apercevoir qu'il ne dormait pas et ne dormirait plus.
Je l'ai vu et je voulais, je savais, qu'il fallait que quelqu'un
raconte cette histoire.
je mets les pieds! Si je peux aider vraimant, je le ferais comme je peux, mais bon, j'ai plutôt l'impression d'un délire, non? à la Kaïro, style ou the ring!