• Sur le bord de la route, il y avait des lilas, et ça m'a fait penser à cette robe. Mauve. Que je m'étais achetée. C'était pour me faire plaisir parce que je n'avais plus personne d'autre à qui faire plaisir et que j'en ai profité pour m'acheter la couleur de la passion. Mauve. Violet. Il paraît que c'est une couleur de passion et d'adolescence. Bien que je n'aie plus rien d'une adolescente.

    Je ne l'ai plus cette robe. Je l'ai jetée avant de partir. Je ne sais plus pourquoi. Mais je l'ai laissé derrière moi. Elle était mauve tout court. Sans fleur, sans rien. Juste mauve.

    Et pendant que j'étais sur la route, j'y pensais. Je me disais, c'est dommage. Ma belle robe. Je ne la verrai plus jamais.

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  • Je ne vois rien que des ombres. J'arrive à peine jusqu'à vous.

    Mais ils m'ont mis la radio. Ça me ramène au monde.

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  • J'ai chaud. J'ai l'impression de suer de partout. Mais je crois que ce n'est qu'une impression.

    Peut-être que mon cerveau est en train de fondre.

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  • C'était l'hiver. Étendue par terre, les bras en croix, emmitoufflée, je ne bougeais plus. Je laissais ma trace dans la neige fraîche. Ma silhouette allait être incrustée dans le sol tout blanc comme une étoile hollywoodienne sur un trottoir de ciment. Élia, star des Amériques... Jusqu'aux prochains flocons.

    L'image était nette. C'était comme si j'y étais. Puis, retour à la réalité. Je suis encore ici. Encore immobile. Mon corps veut laisser son empreinte dans ce lit bien fait, sa marque dans l'Histoire de l'insolite... Ne suis-je pas un peu un «phénomène»? Un être hybride, hésitant entre deux mondes imparfaits? Un cas à l'étude? Une bizarrerie de notre monde moderne?

    Et puis, après tout, je suis aux USA...

    Élia, star du petit monde secret et élitiste de la science... C'est dur d'être une célébrité... :-) Une partie de nous-même ne nous appartient plus tout à fait... Je suis étrangère à moi-même. On pourrait m'inventer une vie dans les journaux, nourrie de rumeurs de toutes sortes, et je ne saurais pas départager le vrai du faux.

    Il neige sur les murs de ma chambre. Je n'ai pas renoncé à me bâtir un château de glace.

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  • Je ne sais pas d'où ça m'est venu mais j'avais mal! Mal à la tête. Comme un étau autour de mon crâne.

    C'est passé maintenant. Je ne peux toujours pas bougé. Ni cligner des yeux. Ni donner signe de vie, leur dire que je suis toujours là. Mais j'avais mal. Je crois que c'est la première fois dans ma vie où j'avais une certaine satisfaction à sentir la douleur! De la peur aussi. Je me suis dit que mon état empirait peut-être. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que si je ressentais enfin quelque chose, c'est que j'étais toujours en vie.

    J'ai revu le docteur aujourd'hui. Mon préféré. Il a pris le temps de me faire la lecture à nouveau. Il soupçonne que j'aime les livres alors il m'a lu un poème. En anglais. Je ne connaissais pas. C'était beau.

    I see the white rain. Falling down. In my hand. Deep and dark hand. Et mes doigts se referment sur elle. Sans succès. Avec pour seule satisfaction d'avoir senti sa fraîcheur sur ma peau.

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