• Est-ce que ce qu'on touche est réel? Et moi qui ne peux toucher, ni sentir, personne... il est donc normal que je me questionne sur la réalité des choses.

    J'aimerais vous faire entendre ce que j'entends. Peut-être pourriez-vous m'aider à identifier les sons et les voix dans ma tête. C'est la seule musique que j'écoute.

    Je me demande si ces sons m'appartiennent ou s'ils viennent d'encore plus loin. Ils ont peut-être appartenu à ma mère ou à ma grand-mère. Ou à un ancêtre slave même si je ne sais pas si j'ai un ancêtre slave, ni même si j'ai des ancêtres. Au point où j'en suis, tout me semble possible.

    Bon... Je vais encore faire quelques efforts. Je récapitule et implore votre aide. je veux me rappeler.

    Il y a moi qui conduis au bord d'une rivière. J'ai cru apercevoir un homme sous un arbre. Toujours ces mêmes images... J'ai perdu le contrôle. Après rien, je me retrouve ici.

    D'après Cleo, j'étais en vacances, ce qui expliquerait qu'on m'ait retrouvé loin de chez-moi et que personne ne me réclame.

    Ça se peut. Ne me rappelant pas autre chose, je considère cette piste comme valable.

    Je pourrais avoir eu une aventure avec un homme et ça pourrait être lui sous l'arbre...

    Je me suis rappelée une soirée au restaurant. J'étais avec un homme. Pas celui sous l'arbre. Puis aux toilettes pour dames, une femme s'est approchée. Je n'entends pas ce qu'elle dit, mais ça me laisse un arrière-goût amer quand j'y pense.

    Je me souviens aussi d'être dans une chambre d'hôtel et de faire mes valises à toute vitesse.

    Je dois m'en aller vite, mais je n'arrive pas à me rappeler pourquoi! C'est frustrant!

    Est-ce bien une aventure qui aurait mal tournée?

    Est-ce que j'ai décidé de retourner à la maison?

    Est-ce que je suis partie sans payer?

    Je m'enfuis?

    J'en ai marre?

    On m'oblige à partir?

    Tant de questions. Et un mur noir dans mon cerveau.


    2 commentaires
  • Et vous, au fond, qui êtes-vous?

    Qui est plus réel, de l'homme que je vois sous l'arbre dans ma tête, ou de vous à qui je parle mais que je ne vois pas? Ces derniers jours, ces questions me reviennent en tête souvent.

    Faites-vous partie de ma vie? Êtes-vous des personnages dans ma tête? Et même si vous êtes vrais comme je crois que vous êtes vrais, vous n'avez aucune chair, aucun visage, parfois à peine un nom... Vous êtes peut-être réels dans votre monde réel, mais aussi relativement réels que mes souvenirs - ce que je crois être mes souvenirs - pour moi.

    Il ne me reste plus qu'à vous imaginer. Ou à me souvenir de vous. Oui, peut-être que je me souviens de vous.

    2 commentaires
  • Ils m'ont lavé et changé de position, comme ils le font chaque jour. Pour prévenir les «plaies de lit». Pouah... Si je ne me remets pas bientôt, j'ai peur de devenir comme un concombre tout ratatiné.

    Les murs sont trop sages.

    Les heures trop lentes.

    Même le docteur est silencieux. Ou peut-être que c'est moi qui n'écoute plus. Je désespère de redevenir ce que j'étais.

    Peut-être que je serais mieux de laisser tomber.


    3 commentaires
  • J'ai perdu contact.

    Oui. Oui, je suis là, docteur. Mais c'est vrai que j'ai l'impression de revenir de voyage. Vous n'étiez plus là, docteur. Ni le lit. Ni la chambre d'hôpital. je ne vous voyais plus, ne vous entendais plus. J'étais ailleurs.

    Il y avait des gens, plein de gens qui marchaient dans l'eau. Ils se battaient contre le vent et la pluie. Et un chien. Un chien nageait près de moi. Des objets flottaient, passaient à toute vitesse devant moi puis disparaissaient dans les flots. Moi, j'étais tranquille. Je n'avais pas peur. Je les observais mais je ne sentais rien. Ni le vent. Ni la pluie. J'étais avec eux pourtant. Je me sentais en communion avec eux.

    Puis je me suis retrouvée dans une chambre d'hôtel. Je remplissais mes valises à toute vitesse. J'étais pressée. La peur est revenue.

    Et je me suis vue de nouveau, sur la route. Et j'ai cru qu'il était là. Et j'ai voulu appeler quelqu'un. Je n'avais pas eu le temps d'avertir personne. Je voulais appeler quelqu'un. Personne ne savait.

    Et puis... Je me suis retrouvée autour d'un feu. C'était la nuit. Des gens dansaient. Ils chantaient aussi. Ils répétaient le même motif, trois notes, toujours. Je me suis laissée bercer par ce chant.

    Et j'ai senti comme un choc.

    La voiture venait d'entrer dans l'eau. Je me suis débattue.

    J'ai vu des enfants aussi. Dans un parc. Je leur ai parlé, c'était mes amis. Nous avons ri ensemble. Mais mes amis s'en allaient maintenant. Il fallait revenir. Revenir près de l'eau. Revenir ici et maintenant. Sinon, j'allais rester toute seule.

    Et j'étais sur la grève. J'entendais le bruit des vagues. J'étais lavée.

    J'étais partie sans me laver.

    votre commentaire
  • Je commence à trouver cet univers limité.

    J'ai envie de me lever et de défoncer les murs. Je voudrais frapper. Mes poings sont prêts et je n'ai pas peur.

    Je frapperais mais je ne sais pas qui. Alors, ma rage est encore plus grande.

    votre commentaire