• J'ai rêvé à des enfants qui meurent de faim. Moi-même, je n'avais plus du tout faim. Puis je suis descendue de la voiture. Je me suis assise dans l'herbe et je l'ai regardé glisser, descendre vers la rive, et tomber dans l'eau. Je n'ai pas bougé. Près de l'arbre, il m'a souri. Cette fois, je l'ai bien vu. Je le reconnaissais, mais j'ignore son nom.

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  • Il fait noir. C'est la nuit.

    Je n'entends que des petits pas, de temps en temps, dans le couloir.

    Je suis Élia. Je ne suis pas morte. Je ne suis pas vivante. Je ne suis pas non-vivante. Je m'entends penser alors je dois être là.

    Je vis dans une chambre que je n'ai pas choisie, dans un lieu d'observation que je n'ai pas choisi, dans un pays qui n'a pas l'air d'être le mien.

    J'ai laissé derrière moi: un homme, peut-être deux, une femme en colère, une voiture finie, une robe mauve, presque tout mon passé, une maison que j'aimais et que j'aimerais bien retrouver.

    Je suis Élia, ça c'est certain. Trouée, mais pas sans voix.

    Je parle. Je me parle. Je vous parle. Pour m'étourdir un peu et oublier que je ne me souviens pas.

    Quand je suis rentrée dans ma chambre, j'ai fait mes valises en vitesse. Je n'étais que de passage de toute façon. J'ai glissé du tip sous un cendrier. J'ai oublié ma robe dans la poubelle du lobby. Et j'ai roulé. Roulé, roulé, jusqu'à temps que je sois apaisée.

    Le martyr est de savoir que je sais, sans savoir. Ce matin, ils m'ont donné un bain. Et m'ont parfumé à la lavande. C'est l'infirmière qui me l'a dit. Je voudrais que le Dr lâche ses machines, arrête ses soins, cesse de me nourrir, de me parler, mais qu'il lise dans les lignes de ma main. Dans les lignes de ma main... ça doit bien être écrit, ce qui m'est arrivé. Si les médiums peuvent lire l'avenir, une main doit au moins pouvoir révéler le passé. Ça doit certainement être écrit quelque part.

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  • Je me suis vue au bord d'un fleuve... mais pas aujourd'hui. J'étais habillée comme... comme une fille de la campagne, mais avec de grandes jupes. Presque pas d'habitations. Beaucoup de boisé. Une colline. Et j'ai couru jusqu'à la maison en piquant à travers le champ. Je me suis enfargée dans une roche et je suis tombée par terre. Je me suis écorchée la main. Quand je me suis relevée, un mulot m'est passé entre les jambes.

    Je ne sais vraiment pas ce que je faisais là .

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  • Bal

    Il y a plus d'un personnage dans cette histoire mais je n'arrive pas à bien les cerner.

    En effet, il y a eu «poussée» d'adrénaline. Je le sens dans mon corps. Je sens la peur monter en moi à chaque fois que j'essaie d'y penser. Ça sent la fuite, le précipité. Puis un certain calme. Et de nouveau la peur. Ça, c'est juste avant l'accident, j'en suis certaine. Mais je me demande encore si je fuyais de chez-moi, ou si j'ai fui quelqu'un rencontré en vacances, comme me l'a suggéré Cleo. Je n'arrive pas à penser dans l'ordre.

    J'aime bien cette expression de lechantdupain: donner asile au contenu. Est-ce qu'on peut se vêtir pour cacher la peur? Pour cacher autre chose? Ou, au contraire, pour le révéler? Est-ce que le port d'un vêtement peut donner un signal? Et le fait de ne plus le porter, alors? De le remplacer?

    Je veux sortir d'ici et faire un grand bal où toutes les femmes et tous les hommes seront invités à se mettre beaux, à afficher leurs couleurs, à se révéler au monde, subtilement ou avec magnificence.

    Pour le plaisir d'être beau et d'afficher son existence.


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  • Vous m'êtes précieux. Sans vous, la vie sur Terre serait moins attrayante, et mes journées me paraîtraient grises et stagnantes. Vous me redonnez l'élan pour sortir de cette léthargie.

    Vous me dites que je fais des progrès? Oui, peut-être... c'est vrai. J'ai ce qu'il me semble être des bribes de souvenirs mais j'ai encore du mal à les rassembler pour en faire quelque chose qui se tienne. Le récit de ma vie est loin d'être achevé. Je comble les vides comme je peux.

    Et mon corps semble toujours refuser de se manifester. À ma connaissance, rien en moi n'a bougé.

    Je ne sais pas quel âge j'ai, mais je sens que je n'ai plus l'innocence de la jeunesse. Quelques printemps ont dû passer.

    Je ne suis pas certaine non plus de savoir qui est parti. Je crois que c'est moi qui suis partie. Je me suis poussée de lui.

    Je ne veux plus de robe mauve. J'en veux une toute autre. D'une couleur distincte. Peut-être une rouge. L'autre était tachée.

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